Descriptif de l'objet :
Taille :
Largeur de tête : 32,5 cm.
Hauteur :
39 cm.
Poids :
392 grammes
Matériaux :
Fer forgé, bois et laiton
Pays :
République Démocratique du Congo
et République Centrafricaine Ethnies :
Mabo-Ngbaka
Période estimée :
Années 1900 / 1920
Autres informations :
Ex: collection d’une ancienne galerie parisienne.
Ex: collection Karl Martinenghi.
Collection Mémoire-Africaine.
Réf. littéraire :
De fer et de fierté p 140.
Kipinga p 128.
The Cutting Edge P 86.
Couteaux de jet ou la collection
d’un peintre. Goupe 10.
Âmes de formes formes de lames,
Luc Lefebvre - 2007 |
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Mabo-Ngbaka 3 — Les Ngbaka et la guerre
Dans la tradition orale des anciens Ngbaka, le nom de Gba’banga est cité : c’est le nom parfois donné aux Ngbaka par les Mono et les Mabo du temps ou ils étaient dans leur voisinage.
Un vieux Ngbaka nous raconte l’origine de ce nom.
« Lorsque nous partions en guerre, nous étions armés de notre bouclier, une lance dans la main droite
deux autres dans la main gauche, et derrière notre bouclier nous avions accrochés trois ou quatre couteaux de jets.
A la rencontre de l’ennemi on se lançait d’abord les lances.
Puis le combat engagé, nous nous donnions des coups de lances les uns aux autres, puis on lançait les couteaux de jets.
Dès qu’un ennemi tombait blessé, on criait « gbà ‘bang à » : coupez lui la mâchoire.
On lui coupait la gorge avec la pointe des couteaux de jet et on lui enlevait la mâchoire.
Les mâchoires des ennemis étaient enfilées sur une corde et emportées comme trophées du combat.
C’est pour cela que les Ngbaka-Mabo et les Mono nous appellent "Gba’banga, coupeurs de mâchoires".
Les Ngbaka, peuple agricole, n’étaient pas guerriers de mœurs, mais dans la lutte ils se défendaient avec acharnement. Les mœurs et coutumes des Ngbaka sont les mêmes que celles des Mandja.
Comme ceux-ci, ils ne faisaient pas d’esclaves, et pris eux-mêmes comme esclaves, ils s’enfuyaient le plus tôt possible.
Ils ne faisaient donc pas de prisonniers de guerre, mais tout ennemi blessé était tué ; quand aux prisonniers ils étaient conduits au village où les femmes les tuaient à coups de pilons.
Ces récits des vieux Ngbaka sont identiques aux traditions Mandja.
On faisait la distinction entre les victimes du combat.
D’un clan plus ou moins apparenté on ne tuait ni les blessés et les captifs et on laissait ensevelir les morts.
Un Ngbaka d’un autre clan tombé au combat était laissé sur le champ de bataille. Mais pour des ennemis étrangers, une des victimes était mangée pour célébrer la victoire et pour acquérir les forces du guerrier tombé.
Ce n’était pas du cannibalisme mais plutôt un repas rituel.
Même dans cette période de luttes, les Ngbaka ne se sont jamais adonnés à la chasse à l’homme, ce qui en ce temps se faisait chez les peuples de la chasse.
Ces peuples, faute de gibier, mangeaient de la chair humaine.
Souvent les prisonniers et les esclaves étaient vendus vivants sur le marché ; chaque acheteur indiquait le morceau désiré et payait avec des objets d’échange avant que le malheureux ne soit achevé.
Les autres populations craignaient les Ngbaka non pour le cannibalisme, mais parce qu’avec eux ils terminaient la lutte vainqueurs ou morts, jamais prisonniers.
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Poignée entourée en laiton, et ciselure en araignée
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Ce superbe couteau de jet appelé moko-ndo ou ngbangha, est le modèle le plus courant utilisé par les Ngbaka Mabo, peuple qui fait partie de la grande famille des Gbaya.
Toutes les pointes sont parfaitement acérées et coupantes.
L’ergot du bas ciselé d’une figure en X avec les barres doubles et parallèles représente le sigle de l’araignée qui joue un rôle très important dans les croyances des Mabo.
Celui-ci a l’arête du corps vertical, entièrement ciselé de petites encoches doublé par une ligne de petites courbes.
La face arrière est légèrement concave et les arêtes de coupes remontent légèrement sur la face principale.
Les poignées de ces modèles de couteaux sont généralement constituées de bandes en cuivre recouvrant également quatre petites barres en rotin ou métal.
La prise en main en est meilleure, les doigts font le tour de la poignée et se placent dans le creux formé par les petites barres.
Sur les exemplaires les plus anciens, la bande est en laiton comme celui-ci.
Si cette arme peut être utilisée pour des actions guerrières, elle représente avant tout un insigne d’autorité et pouvait également servir de valeur d’échange.
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